Premières chaleurs et premier 200...
Premier 200 mais quelle souffrance. Il devait être écrit que rien ne se passerait comme je l'avais prévu aujourd'hui. Dans un premier temps, des nausées qui ne me quitteront pas pendant plus de dix heures, des crampes dues au manque d'hydratation, la chaleur qui arrive d'un coup, des déviations, et pour finir, un gros vent de face. Mais ne nous attardons pas sur ces tracas et parlons plutôt de cette longue sortie qui m'a procuré de bons moments.
Je me lève à 6h45, déjeune légèrement et fini de préparer mes affaires. Comme je ne suis pas certain du kilométrage et du dénivelé de cette balade, je préfère emporter mon petit sac à dos de 5L avec gilet de sécurité, lampe frontale, feux arrière et quelques habits.
En partant chez mon père, je me rend compte que la température est assez douce. Je suis habillé avec un cuissard court, des genouillères, un maillot manche courte, des manchettes et des gants de mi-saison. Comme à chaque fois, la peur d'avoir froid au début de la sortie me pousse à mettre mon coupe vent long.
Je ressens déjà les nausées dès le départ à 8h00. Cette situation est fréquente dans mon cas donc je n'y prête pas forcément attention pensant que cela va passer d'ici peu. Je passe St Aubin, Chaussin et me dirige sur Mont-Sous-Vaudrey. Un faisan court à mes cotés pendant une bonne centaine de mètres jusqu'au moment ou il décide de s'envoler, préférant sûrement la tranquillité du bois !!!
Je m'arrête à l'entrée d'Arbois pour retirer le coupe vent et les gants. Je m'aperçois que je suis trempé et je peste d'avoir commis cette erreur de débutant. J'enfile mon coupe vent sans manche, mes gants courts et je reprend ma route. Le soleil me séchera en fait en seulement quelques minutes.
La deuxième erreur sera sans nul doute le fait de n'avoir pratiquement rien bu lors de ces 53kms. La peur d'accentuer les nausées ne m'incite pas à boire et cela permettra sans nul doute l'apparition de ces fameuses crampes un peu plus tard.
J'attaque la Table d'orientation, première bosse du jour avec un plaisir immense. J'ai fait le choix de ne pas aller rouler avec mes potes hier après midi mais c'est uniquement pour me retrouver dans ces bosses du Jura et profiter de cette longue balade qui se présente. Le chant d'un Coucou m'accompagne dans la montée et me remémore mes balades en fôret étant gamin. Je grimpe à merveille sans oublier d'en garder un peu sous le pied. La journée sera longue donc il ne faudrait pas se laisser griser. Je double trois cyclistes au cours de l'ascension, profitant de petites pauses pour prendre des photos.
Une fois au dessus, je bascule sur Mesnay pour aller chercher la deuxième bosse du jour. Si je respecte mon plan de route, j'aurai pas moins de huit bosses dans mon escarcelle en fin d'après midi. La montée des Planches est beaucoup moins longue mais les pourcentages sont déjà bien plus élevés. Je tourne les jambes sans chercher à forcer. Maintenant, il ne me reste plus qu'une bosse avant de changer de coin. Je descend jusqu'à Arbois, frôlant la chute in extremis en ne pouvant éviter un trou masqué par une zone d'ombre. La chaussée est vraiment en très mauvais état et la prudence est de mise. En bas, je me retourne et remonte immédiatement le Fer à Cheval. Là, c'est environ 6.5kms avec des pourcentages réguliers. Rien de bien méchant en fait....
Les pompiers me doublent dans les derniers kilomètres de l'ascension. Quand j'arrive à leur hauteur, ils ont déjà sanglé un cycliste sur le brancard. Ses copains assistent à la scène et j'imagine bien leur peine à ce moment précis.
De mon coté, je prends le temps de m'alimenter avec un petit sandwich au jambon. Je profite de cet arrêt pour retirer les genouillères et me voilà en court pour la première fois de la saison. Quel bonheur tout de même !!!
Je me dirige maintenant sur Salins-les-Bains. Je passes La Chatelaine, Ivory et Bracon et me voilà dans cette belle ville. Je traverse le centre ville pour attaquer la quatrième bosse du parcours. De nouveau, un cycliste est au sol. C'est une personne d'un certain âge qui a voulu monter le trottoir et qui a chuté face contre terre. Il sera héliporté quelques minutes après....
Le Mont Poupet démarre au milieu des habitations et au bout de quelques kilomètres, la nature reprend ses droits. La montée est plaisante et j'immortalise une nouvelle fois cette ascension. Arrivé à l'embranchement de St Thiebaud, la route est fermée pour cause d'éboulement. Ce sera donc une bosse de moins sur ce beau parcours. J'arrive au sommet du Poupet avec le sentiment que les crampes ne sont pas loin. Je n'ai pas envie de rebrousser chemin mais je prends tout de même le temps de comparer les différentes possibilités qui s'offrent à moi. Je peux tourner à gauche sur Saizenay et ses pentes redoutables, descendre tout droit sur Nans-sous-Sainte-Anne et remonter immédiatement le Poupet ou tout bonnement prendre à gauche sur Ivrey et rentrer à la maison.
Il y a bien longtemps que je n'ai pas emprunté cette route de Saizenay et j'ai franchement envie de voir ce que peut apporter cette boucle à mon parcours initial. D'entrée de jeu, les souvenirs refont surface et confirme l'idée que je me faisais de ce coin. De nombreux passages sont entre 10 et 13% et cela pique un peu les cuisses. C'est à ce moment précis que des crampes un peu plus violentes font leur apparition. Les seules fois ou j'ai eu des soucis de crampe, c'était sur deux sorties de plus de 4000 mètres de dénivelé et en toute fin de parcours. Cela commence à m'inquiéter sérieusement. Cela me pince sur les muscles de l'aine, dans les deux cuisses. Je continue ma route sans forcer sur les pédales, passant Géraise, Cernans, Dournon et Crouzet-Migette. Ce coin est tranquille et j'apprécie ces moments de calme.
Arrivant au pont du Diable, je traverse cet édifice à toute vitesse. Un couple et leur fille sont au bord des balustrades et c'est seulement le pont franchi que j'ai comme le sentiment d'avoir déjà vu ces personnes. Quelques mètres après, je vois une Ford Fiesta blanche garée sur le bas coté et le doute n'est plus permis, c'est Hervé, un de mes amis avec femme et enfant. Je me retourne et discute un bon moment avec eux, surpris de se retrouver au beau milieu de la montagne. Pas besoin de vous dire que la reprise fut douloureuse....
C'est un peu plus loin que la route est de nouveau barrée. Une déviation est proposée pour Nans-sous-Sainte-Anne et je n'ai plus d'autre choix que de suivre cet itinéraire bis. A ce moment là, je regrette de ne pas avoir été tout droit au sommet du Mont-Poupet !!!
Cette boucle fera 44kms pour pratiquement 800 mètres de dénivelé. Ce n'est sûrement pas aujourd'hui que je pourrai me faire une idée de la distance de ce parcours Jurassien....
La montée du Poupet par Nans présente tout de même 8kms d'ascension. Même si j'en bave, j'ai plaisir à emprunter cette route en grande majorité ombragée. Une fois au sommet, je décide de faire une pause au bistro du Poupet. La patronne m'accueille gentiment, me sert un coca et fait le plein de mes bidons tout en discutant. A 2€ le verre, on est loin des bars des grandes villes affichant des tarifs prohibitifs.
La décision est prise, je vais rentrer au plus court, enfin, je devrais dire au moins pentu. Certes, la bosse d'Ivrey n'est pas très longue mais le retour par Port Lesney, Arc-et-Senans et Dole est vraiment vallonné et j'ai bien peur de me retrouver dans une terrible galère.
Je redescend donc le Mont-Poupet pour rejoindre la route Dole-Dijon. Des dizaines de motos me double. J'ai rarement vu autant de deux roues. On voit que tout le monde attendait le soleil !!!
Pour terminer la sortie en beauté, il ne manquait plus que le vent. C'est chose faite avec un bon trois-quart face qui m'accompagnera jusqu'à 20kms de l'arrivée.
Dès la sortie de Salins-les-Bains, je reçois comme une décharge électrique dans le mollet droit. Comme si je n'avais pas assez des cuisses, voici les mollets. Je dois bien me rendre à l'évidence, je n'ai plus qu'a rentrer sans appuyer sur les pédales. Juste tourner les jambes !!!
Je ne peux même plus me mettre en danseuse pour passer les coups de cul. Je joue sur les braquets et me concentre sur mon pédalage. Je fais quelques pauses dont une pour appeler Pascal qui avait essayé de me joindre un peu plus tôt dans la journée. J'en profite pour lui demander un renseignement sur la route à prendre. Une fois raccroché, je repars de l'avant en rongeant mon frein.
Passé Chaussin, je récupère un vent de dos et je dois bien avouer que c'est bon pour le moral. Je ne roule pas beaucoup plus vite mais je sais que le retour se fera dans de meilleures conditions. Je suis obligé de faire une dernière pause à 4kms de la maison. Une énorme crampe m'empêche de relever la pédale et je suis contraint à l'arrêt. Il me faudra bien 5mn pour quelle passe et me laisse terminer cette sortie.
A lire ce compte rendu, on pourrait croire que cette journée n'a été qu'une gigantesque galère mais je ne vois pas les choses sous cet angle. J'ai passé une belle journée sur le vélo. Le soleil brillait à plein régime. J'ai vu de beaux paysages, bref beaucoup de points positifs.
Pour le reste, ce sont les aléas du cyclisme. Une mauvaise gestion de mon hydratation, les premières grosses chaleurs, les pauses photos qui cassent le rythme en pleine montée, enfin, pas mal de points à ne pas reproduire. On apprend toujours de ses erreurs....
Je suis tellement déshydraté qu'il m'a fallu attendre 22 heures pour aller une première fois aux toilettes. Je suis vide tout simplement !!!
Un grand merci à Jean-Michel pour m'avoir aidé à la conception de ce parcours. Je regrette juste de ne pas avoir pu faire les huit bosses prévues. Avec St Thiebaud, Ivrey, By et le retour par nos routes d'entraînement, je pense que le dénivelé passerait facilement la barre des 3000 mètres. Même en partant de Dole, cela peut faire un belle virée pour un kilométrage raisonnable.
209kms pour 2237 mètres de dénivelé en 8h38.
Quelques clichés de cette folle journée...
Petit clin d'oeil pour David. Lui aussi est impatient de revoir la Hourquette d'Ancizan...
Le pont du diable...