Des brebis, des vautours, des marcheurs et des pentes effrayantes...
Cette sortie, je l'attendais avec impatience depuis l'été dernier. Quand nous avions fait notre grosse sortie avec Isabelle, Louis et Pierre, ce dernier nous avais proposé de nous retrouver l'été suivant afin de revivre une belle journée de partage au Pays Basque.
Je m'étais préparé a vivre une expérience exceptionnelle mais loin de moi l'idée de ressentir une telle émotion. J'ai rarement parcouru une région aussi belle et rarement vu des paysages aussi beau. Chaque recoin, chaque parcelle, tout est divin. Une beauté rare, comme on en voit peut. Je vais essayer de vous faire découvrir toutes ces émotions à travers ce compte-rendu mais je risque de ne pas être objectif après cette balade inoubliable.
Pierre m'avait envoyé deux parcours au départ de Saint-Jean-Le-Vieux. J'en avais choisi un seul pour laisser place aux autres massifs que je souhaitais découvrir. Celui-ci présentait 7 cols sur une distance assez courte mais avec des pourcentages de montée monstrueux.
Nous partons vers 8h15 en direction de Saint-Jean-Pied-De-Port. Pierre a repéré un passage très pentu sur la carte et veut y passer. Il y a trois chevrons et représente d'après lui des pourcentages supérieur à 18%. Au moment de tourner à droite sur cette petite route, j'entend Pierre qui dit en voyant le raidar " ça commence bien ". Deux cyclotouristes se trouvent un peu plus haut dans la pente et accaparent la totalité de la route, slalomant de gauche à droite. On est au ralenti dans cette portion et cela nous annonce la couleur.
Nous démarrons le premier col nommé Arnosteguy. Une vraie tuerie, tellement difficile que ce n'est pas évident à retranscrire. De nombreux passages de plusieurs kilomètres sont entre 12 et 18% et les passages max sont à 22. Je monte entre 2.5 et 7km/h et les kilomètres parraissent interminables. La roue avant décolle du sol. Même en danseuse, je dois porter tout le poids de mon corps sur l'avant afin de stabiliser le vélo. La roue arrière dérape dans les gravillons. Une voiture arrivant en sens inverse me frôle pour éviter les nombreux marcheurs présent sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle et m'oblige à ralentir plus que de raison. Je suis contraint de mettre pied à terre et les gravillons m'empêche de repartir. Je dois pousser le vélo sur quelques centaines de mètres afin de retrouver une zone goudronnée mais même là, c'est difficile de redémarrer.
Concernant ces marcheurs, sur les 20 premiers kilomètres, on en doublera un nombre inimaginable. Comme me le fait remarquer Louis, on croirait des légionnaires partant à la guerre !!!
Mes deux comparses m'attendent un peu plus haut et nous terminons le col ensemble. Il y a un brouillard épais et le froid est saisissant. Il nous aura fallu presque 2 heures pour parcourir les 20 premiers kilomètres. Cela en dit long sur la difficulté des pentes de la région. Les 1000 mètres de dénivelé sont passé en 15kms, les 2000 en 44 !!!
Il me semble que c'est ce col qui présente le versant le plus difficile de France avec de nombreux kilomètres successifs à 17%.
Le deuxième col est l'Errozaté. Il est bien moins dur mais présente malgré tout de nombreux passages avec des pourcentages très élevés, bien au dessus des 10% et une rampe à 22. Pierre nous annonce tout de même un dénivelé de 970 mètres sur les 10kms à venir. Enchaîner deux cols de ce calibre demande déjà un bel effort. La moyenne reste basse car il n'est vraiment pas possible de reprendre du temps en descente. Les routes sont sinueuses, étroites, avec des trous, des gravillons et parfois avec le vide tout près de nous. Pendant toute cette balade, on verra des milliers de brebis Basque. C'est bien la première fois que je vois autant de bêtes aux estives. Sur les pentes de ce col, j'en rajoute trois autres à mon palmarès. Les cols d'Arthe, d'Asqueta et d'Arthaburu.
Nous passons par le col de Sourzay juste avant d'arriver au pied du col de Bagarguy ou nous prenons le temps de boire un verre avant de monter sur Iraty. Un cyclo est atablé. Ce sera un des rares cyclistes aperçu aujourd'hui. Dire qu'il y a tant de beaux coins à découvrir ici et si peu de cyclistes intéressés. Je suppose que la rudesse des pentes est un frein pour certain mais le cyclisme, c'est aussi la découverte de nouveaux horizons !!!
Le fait que ces routes ne soient pas médiatisées par le tour de France laisse encore un peu de tranquillité à cet havre de paix.
Nous reprenons notre route pour Iraty. Ce col de Bagarguy est assez court avec 6.5kms. La montée se trouve souvent sous les arbres et c'est bien appréciable. Louis me distance un peu sur la fin du col et Pierre se trouve juste un peu plus bas. La forêt est vraiment agréable et donne un cachet supplémentaire au col.
Au lieu de descendre Bagarguy par l'autre versant, Pierre nous fait passer par une route en très mauvais état mais cela nous mène à une espece de corniche, surplombant tout le coin. C'est tout bonnement somptueux et si nous n'avions pas eu notre guide personnel, nous serions passés à coté de toutes ces merveilles. il y a des passages en descente et au détour d'un virage, on reprend du 13%. C'est le charme de la région. Les vautours présent depuis notre départ passent à quelques mètres de nous. Nous avons beau être habitué, c'est toujours émouvant.
On passe le col d'Arhansus et le plateau d'Ahusquy. Louis fait remarquer à Pierre en blaguant que le plateau ne dure pas longtemps. Ensuite, place au col d'Aphanize par son côté le plus aisé. Pierre nous raconte qu'une randonnée se déroule de l'autre côté avec une montée chronomètrée de ce col. De mémoire, 8kms à 11%. Je ne vous raconte pas la descente. Les mains sur les poignées de frein à appuyer sans relâche...
Arrivé à Mendive, Pierre nous propose de boire un verre. Il doit nous quitter pour rejoindre sa famille. Il fête les 80 ans de sa maman.
On discute tranquillement à l'ombre et nous prenons date pour le 24. Le parcours sera le même que celui de la Pierre-Jacques en Barétous. 148kms et 3700 mètres de dénivelé avec le Soudet en dessert !!!
Avec Louis, nous allons finir cette journée en beauté avec le col de Burdincurutcheta. Depuis le village, il y a 12.5kms d'ascension. Les 4 premiers kilomètres sont encore bien éprouvant. Les 500 premiers mètres annoncés à 11% de moyenne, le kilomètre suivant à 11, les deux d'après à 10.5 et les 500 derniers mètres à 11. Passé ces gros morceaux, la pente redevient raisonnable avec tout de même des moyennes autour de 8%. Bon, quand on passe pas mal de temps dans des pourcentages très élevés, les portions à 8 ou 9% paraissent aisées !!!
La descente va être avalée rapidement. Il faut dire qu'après avoir eu des routes complètement pourries, on se régale avec un bitume aux petits oignons.
Pierre, notre guide et ami. Venez nombreux découvrir l'Immortelle qu'il organise avec sa bande de bénévoles début juin...
Une fois de retour à la voiture, on se change avant d'aller boire un verre à l'ombre d'une terrasse. J'en profite pour manger deux sandwichs au paté Basque. Il est bien épicé mais excellent.
Encore une belle journée partagée avec mes amis Louis et Pierre. Un grand merci à ce dernier pour la découverte du Pays Basque. Je suis enchanté et j'espère y revenir dès l'année prochaine.
131kms pour 4182 mètres de dénivelé en 8h11 et pas moins de 10 cols.