Sublime, tout simplement...
Les chambres étaient réservées depuis pas mal de temps. Restait plus qu'à espérer le beau temps. Même si cela a été long a venir, le soleil est bien présent sur la France depuis déjà quelques semaines et ce sera encore le cas pour ce week-end.
Je récupére Corentin du club d'Authume à 13h45 et nous attendons Gérard et Gilles pour un départ à 14h00. Pascal, qui roule beaucoup à mes cotés est malheureusement indisponible pour cette fin de saison. Il aurait adoré, c'est certain.
Le trafic est fluide malgré les départs en vacance et il nous faut moins de 3h00 pour rejoindre Saint-Martin-d'Hères dans la banlieue de Grenoble. Nous récupérons nos clés à l'accueil et profitons des derniers kilomètres du Tour de France. Les chambres sont climatisées et ce n'est pas un luxe ces jours ci. Une fois l'étape terminée, nous prenons la direction de Vizille afin de s'occuper des inscriptions. Une fois le règlement effectué, on prend notre feuille, notre carte de pointage et notre plaque de cadre.
De retour à l'hôtel, nous profitons de la terrasse pour manger un morceau. Même si le vélo prend une part importante dans notre vie, ces moments sont tout aussi appréciables. Les orages commencent à éclater sur les hauteurs et c'est avec une petite crainte que nous allons nous coucher. La nuit va être courte avec un réveil à 3h45 !!!
Le petit déjeuner est pris dans la chambre. Pour ma part, j'ai apporté un tiers de gatosport. C'est assimilable rapidement et très énergétique dans le même temps. Une fois cette portion avalée, je passe à la douche, m'habille et referme le sac.
Nous partons de l'hôtel à 4h55 pour rejoindre le parc du Château de Vizille. Nous sortons les vélos avant de prendre tout le nécessaire pour une telle journée. Pour ma part, coupe vent sans manche, coupe vent pluie, manchettes et ravitaillement. Il y a beau avoir de quoi se nourrir tout au long de la journée, je préfère emporter mes propres collations.
Le départ en groupe est parti avant que nous ne soyons prêt. Il y avait 3 départs groupés sous protection motocycliste pour aujourd'hui. Le premier à 3h et le deuxième à 4h avec l'obligation d'avoir un éclairage sur le vélo et un gilet jaune. Pour le dernier à 5h30, seul le gilet était recommandé. Il y avait tout de même 1600 cyclistes sur les deux jours !!!
Pour nous quatre, ce sera 5h45, juste après avoir pointé nos feuilles de route à la salle. Les premiers coups de pédale sont plutôt tranquilles avec tout ce qui nous attend dans la journée. La route est en faux plat montant et le dénivelé commence déjà à s'accumuler. Nous passons par Rochetaillée puis le barrage du Verneys avant d'attaquer les pentes de notre premier col, la Croix de Fer.
Le rythme est assez soutenu pour cette première montée. Je profite du paysage, tout comme Gérard qui me fait remarquer le soleil qui se lève sur les montagnes. Avec de tels paysages, on oublie vite l'heure matinale à laquelle on s'est levé.
Un passage me tenait à coeur pour l'avoir vu vendredi après midi lors du passage du tour. En pleine montée, une petite descente s'offre à nous et sur notre droite, se dresse une rampe énorme. C'est splendide et effrayant à la fois !!!
Il y a quelques moments de répit tout au long de ce col contrastant avec de forts pourcentages. Il y a également beaucoup d'ombre et ce n'est pas pour nous déplaire. La vue ce dégage au barrage de Grandmaison, le panorama est à couper le souffle et les marmottes nous accueillent en sifflant. Arrivé à l'intersection du col du Glandon, j'hésite à partir seul. Il y a peu à faire pour décrocher un col de plus mais la perspective de me retrouver seul pour le reste de la sortie m'inquiète. Je reste donc aux cotés de mes amis et nous terminons au train ce col. Nous échangeons quelques mots avec des cyclistes de Beaune et l'un deux appuie davantage sur les pédales pour finir l'ascension avec nous. Il nous aura fallut 2h pour grimper les 27.5kms de cette Croix de Fer et atteindre les 2068 mètres d'altitude .
Je retrouve Bruno au sommet. C'est un ami que j'ai connu par le biais d'un forum vélo. On s'est déjà rencontré l'été dernier dans le col de Port en Ariège et c'est un réel plaisir de le revoir. On discute un moment tout en faisant le plein des bidons. Je prends juste un morceau de cake trouvant le ravitaillement bien mince.
Nous descendons maintenant sur St Sorlin d'Arves afin de grimper notre deuxième col du jour, le Mollard.
La route est en très mauvais état et la prudence est de mise. Malgré cela, il ne nous faut pas longtemps pour arriver au pied de ce col.
J'arrive à rester dans les roues de Gilles et Gérard mais je sais déjà que ce ne sera plus le cas sur les pentes du Télégraphe. Leur niveau est incontestablement au dessus du mien, tout simplement.
La pente est régulière, l'ascension très courte, mais cela ne remet pas en cause la difficulté de ce col. Je m'arrête au sommet afin de prendre quelques photos quand dans le même temps, mes amis prennent la poudre d'escampette.
Mis à part quelques coups de cul, la route ne fait que descendre. Je donne tout ce que j'ai en espérant rejoindre mes copains avant le pied du Mollard. J'arrive dans un enchaînement d'épingle et aperçois Gilles qui ferme la marche. Quelques minutes d'effort et je suis dans sa roue. Pas trop tôt !!!
En discutant avec Gérard, il m'apprend qu'il y à 52 épingles dans cette descente. Je conseille ce coin à tout cycliste qui voudrait progresser dans ce domaine.
Maintenant, direction Saint-Michel-de-Maurienne. Il y a quelques bosses, des portions de plat et il faut faire attention à ne pas s'enflammer. C'est le premier ravitaillement ou un repas est servi. C'est sous forme de buffet froid et tout comme Gérard, je n'ai nullement envie d'avaler de la pizza ou de la quiche avant d'attaquer les 12kms du Télégraphe. On prend juste quelques morceaux de fruits, on remplit les bidons et nous voilà de nouveau en selle.
Corentin est persuadé que ce col du Télégraphe n'est qu'une formalité mais ce n'est pas le cas. C'est bien le genre de col à ne pas prendre à la légère.
Dès les premiers mètres, il est obligé de mettre pied à terre à cause d'une crampe. Nous continuons notre ascension mais peu de temps après, je préfère laisser Gilles et Gérard s'envoler. Je sais que je ne les reverrai plus de la journée. De toute manière, il est préférable de monter à son rythme. Je fais une petite pause à l'ombre, profitant de cet instant pour avaler une barre salée et un gel. Cela fait déjà un moment que je n'arrive plus a enchaîner les montées. Ce manque de sucre lent se fait ressentir, c'est certain, mais comment rectifier le tir sans ces maudites pâtes que je délaisse depuis déjà quatre mois.
Me voilà de nouveau sur les pentes du Télégraphe. Ce petit arrêt m'a fait du bien et malgré une vitesse d'ascension assez basse, je finis plutôt bien ce col. Je discute avec un gars de Clairvaux que j'ai rattrapé à 5kms du sommet. Rien de tel qu'une bonne discussion pour faire oublier les efforts et les kilomètres qui passent !!!
Je retrouve Bruno au sommet qui me propose de descendre sur Valloire avec lui.
A peine 5kms de descente et nous voilà arrivés sur Valloire. La bonne surprise du jour est une bosse de 2kms qu'il faut passer avant la deuxième escale " repas ".
Je propose à Bruno de traverser la route et de s'asseoir à même le sol afin de profiter d'un peu d'ombre. Un monsieur très charmant nous offres de l'eau bien fraîche que nous acceptons volontiers. Nous discutons vélo, vacance, bref, de la vie !!!
Bruno me propose de faire la montée du Galibier ensemble. Je suis partant mais j'ai tout de même quelques doutes sur mes capacités à le suivre. Nous picorons un peu de nourriture dans le plateau repas sans aller dans l'excès. De toute manière, j'ai toujours ces fichues nausées qui me tiraillent.
Il est grand temps de reprendre le cours de notre périple. La météo a annoncé des orages en fin d'après midi et il ne ferait pas bon se trouver en dessous si cela venait à tomber.
Sur les 15kms qui nous sépare du sommet de ce géant des Alpes, seul les 8 derniers sont annoncés difficiles mais avec la distance parcourue depuis ce matin et le dénivelé accumulé, cela risque d'être long.
Juste avant Plan Lachat, Bruno s'éloigne petit à petit. Seul, je ne force pas mon coup de pédale et je monte au train. Les premières rampes arrivent et je me dis qu'une petite pause un peu plus haut me fera le plus grand bien. Il y a tout de même 8kms à 8.3% pour boucler ce col hors catégorie.
Je profite d'un coin d'ombre sous la roche pour m'arrêter. Je grignote un peu tout en prenant des photos. Je profite simplement de ce décor de rêve !!!
Il me faut repartir et comme dans le Télégraphe, je prends mon temps et monte tranquillement. Je tourne juste avant le tunnel pour les deux derniers kilomètres. Le premier est à 9% et le second à 10. Je termine à 6km/h, heureux d'en finir. Je me rappellerai toute ma vie de cette première ascension du Galibier.
Bruno, m'attend, appareil photo en main afin d'immortaliser cet instant. Je souffle un long moment avant de pouvoir reprendre mes esprits. Ma première pensée est pour Isabelle qui avait été bouleversée en passant à cet endroit précis l'automne dernier. J'ai envie de partager ce moment avec elle mais ce fichu réseau téléphonique ne passe pas !!!
Après de longues minutes de repos, il est temps de se ravitailler. Je commence par boire de l'eau bien fraîche. Je mange du saucisson avec du pain et de la tarte aux pommes. N'étant plus en plein effort, je peux de nouveau m'alimenter. Je sais à ce moment là que le retour va être un bonheur total. Je sens la fin de ce merveilleux brevet arriver et je suis tout ragaillardit. Il me reste tout de même 80kms mais il n'y a plus aucune difficulté.
J'enfile les manchettes, le coupe vent long et m'élance vers le Lautaret. Je fais tout de même quelques arrêts afin d'immortaliser ce panorama magistral.
Sans être imprudent, les kilomètres défilent. Une belle marmotte détale du bord de la route en me voyant arriver. Je passe plusieurs tunnels et dans l'ensemble, ils sont bien éclairés. De toute façon, j'ai ma lampe frontale sur le casque et mon feu arrière.
Un groupe me double dans les faux plats descendants. Pas le temps de réfléchir, je saute dans la roue du dernier. Ils sont 7 et viennent de Tullins près de Grenoble. Après un long moment, ils s'arrêtent sur le côté. Je préfère poursuivre ma route !!!
J'arrive au dernier ravitaillement, à Bourg d'Oisans. Comme celui du Galibier, je me restaure sans problème. Pizza, tarte, compote de pomme sans oublier de l'eau bien fraîche. Un des bénévoles me propose de l'eau pétillante glacée et cela fait un bien fou. Je suis sur le point de reprendre ma route lorsque je m'aperçois que les gars de Tullins viennent de repartir. Je fais un gros effort pour les rejoindre et profiter le plus possible de l'aspiration. Ma moyenne remonte depuis le sommet du col et j'ai en tête de finir à 20km/h de moyenne. Manque de chance, ils s'arrêtent de nouveau après 5kms.
Je me sens tellement bien que je me lance dans un contre la montre de 25kms. Main en bas du cintre, je roule fort. Je passe Rochetaillée, Séchilienne et voici Vizille en ligne de mire. Je retrouve un groupe de 3 cyclos qui terminent eux aussi à vive allure. J'arrive à l'entrée du château avec 20.7 de moyenne au compteur, heureux et satisfait. Il y a des personnes sur le bord de la route qui nous applaudissent. Même si je n'ai rien fait d'extraordinaire, c'est agréable, je dois bien l'avouer. Je garderai un excellent souvenir de mon premier passage sur le brevet de randonneur des Alpes. J'espère y revenir....
Un seul regret peut-être. Ne pas avoir grimpé jusqu'au sommet du Glandon. Il était à quelques encablures et je l'ai laissé filer...
Gérard est finalement arrivé seul au Galibier. Après une pause au sommet, il s'est lancé sur le super BRA. Il a profité d'un panorama splendide au belvédère Armentier et a bouclé les 235kms en 11h00. Gilles s'est quand à lui contenté du BRA tout comme Corentin.
Finalement, fait rare sur une telle distance, je n'ai même pas eu mal aux jambes.....
225kms pour 4756 mètres de dénivelé en 10h50.
Bruno, merci de m'avoir envoyé toutes tes photos qui sont venu égayer ce compte-rendu. Merci également pour ta gentillesse.