Une journée de rêve...
L’été dernier, après avoir passé 3 cols à plus de 2000 mètres sur la même sortie avec Isabelle, Louis et Michel, j’avais lancé un nouveau défi à la miss. Passer les 5000 de dénivelé sur une sortie. Je lui avais donné une liste de montées qui m’intéressaient et elle m’avait proposé un parcours en fonction de ces choix.
Cette année, je privilégie ces grandes sorties et je prends 3 jours de repos avant de me lancer à l’abordage de ce défi. Je mange très tôt samedi soir pour me coucher de bonne heure. Le réveil est programmé à 4h15 !!!
Les affaires sont prêtes et il ne me faut pas longtemps pour prendre le départ. J’arrive à Argelès-Gazost à 6h30 afin de prendre mon temps pour me préparer. Isabelle arrive en même temps que moi. Pierre et Louis arrivent dans la foulée. Je rencontre Pierre pour la première fois. C’est le créateur de la fameuse Immortelle. C’est un défi Pyrénéen avec 7 cols dont je rêve de prendre le départ une année !!!
7h00, il est temps de partir. La canicule de ces derniers jours nous incite à la prudence donc chaque kilomètre effectué à la fraîche est le bienvenu. Il fait tout de même déjà 20°.
La première ascension est le col de Couraduque. La route s’élève dès le départ d’Argelès pour s’arrêter qu'au sommet. C’est un col fort agréable et la vue est vraiment magnifique. Le ciel est voilé et donne un cachet supplémentaire aux paysages. Ce premier col nous apporte un peu plus de 900 mètres de dénivelé. Après une ou deux photos, nous redescendons pour s’engager dans le col des Bordères. Cette 2ème montée est relativement faible mais apportera tout de même de l’eau à notre moulin, enfin, à notre défi !!!
Le cadre est agréable et les petites routes qui mènent au sommet sont très calme. Tout se passe à merveille pour le moment et c’est sans encombre que nous gagnions le col. Isabelle nous prend en photo et nous redescendons par l’autre versant. On profite de notre passage près d’Argelès pour retourner aux voitures. Isabelle a oublié de gonfler ses boyaux. Ils ne sont pas à plat mais avec toutes ces descentes, il ne faudrait pas prendre de risques.
Nous reprenons la route pour rejoindre cette fois Luz-Saint-Sauveur. Nous remontons toutes les gorges dans un bon rythme. On fait une petite pause histoire de remplir les bidons et de grignoter un morceau. La journée va être longue et il ne faut pas oublier de s’alimenter. Avec cette chaleur, on oublie parfois le plus important, le carburant.
Il est temps de s’élancer dans la montée de la station de Luz-Ardiden. C’est encore une ascension que je découvre pour ma plus grande joie. Celle-ci est déjà d’un autre calibre avec plus de 1000 mètres de dénivelé. J’adore ce coin avec de petites habitations perdues au milieu de nulle part. C’est en fait des anciennes bergeries rénovées et elles ne manquent pas de cachet.
L’ascension est agréable avec de nombreux lacets. Je monte à l’avant avec Louis dans un bon rythme. Je coupe juste mon effort dans les deux derniers kilomètres pour montrer à Isabelle une marmotte qui se dresse fièrement dans un virage. On dirait une sentinelle dans son château. D’après Isabelle, il y en a toujours à cet endroit. Elle reste à quelques mètres du bord de la route et n’a pas l’air effrayée !!!
Au sommet de la station, nous prenons une pause. Nous faisons le plein des bidons et les premiers encas salés sont avalés. Malgré ce ciel toujours voilé, la chaleur est pesante. C’est tout de même une chance pour le moment de ne pas avoir de soleil…
Maintenant, place au premier gros morceau de la journée. On a déjà 2600 mètres de dénivelé dans les jambes et il va falloir s’attaquer au grand Tourmalet. Isabelle s’en réjouit d’avance car c’est sa montée de prédilection. Je pars devant avec Louis et les kilomètres s'enchaînent. A environ 8kms du sommet, il me dit qu'il aimerait bien rejoindre Pierre afin qu'il ne monte pas seul. Je n’y vois pas d’inconvénient et je termine l’ascension en solitaire. Je suis vraiment en bonne forme et les 3 jours de repos m’ont fait le plus grand bien. J’ai juste un peu de mal sur le final avec ces pentes ardues. Je grimpe entre 8 et 9km/h et je suis heureux d’atteindre le sommet. Il me faudra un bon moment pour reprendre mon souffle. Je m’habille avec un coupe-vent sans manche et des manchettes car j’ai froid. Je les aperçois un peu plus bas. Ils sont regroupés sur les derniers kilomètres et arrivent 20 minutes après moi. Il s'avérera un peu plus tard que j’ai sûrement grimpé trop vite ce géant !!!
On ne s’attarde pas au sommet. Une photo des quatre sous le panneau et on s’engage dans cette longue descente. Je me rends compte de mes progrès dans ce domaine, n’hésitant pas à doubler des voitures pour suivre les amis. Je ne serai jamais un expert mais cela me fait plaisir de ne plus être à la traîne à chaque fois.
Arrivé sur Luz, je propose de boire un verre bien frais dans un bar. Isabelle a repéré un complexe qui fait bar et pâtisserie. On trouve une table et nous profitons d’un peu d’ombre pour avaler un pain aux raisins et un Perrier menthe.
On remplit une nouvelle fois les bidons et nous entamons la descente des gorges. Les relais s'enchaînent et les kilomètres défilent rapidement. Cette portion laisse déjà des traces car je suis à fond pratiquement du début à la fin. Nous levons juste un peu le pied à l’approche de notre 5ème et dernière montée. Le soleil a fait son apparition et cette ascension d’Hautacam risque d’être ardue. Pierre nous accompagne quelques mètres avant de s’arrêter. Il prend l’avion de bonne heure demain matin et préfère en rester là. On bavarde quelques minutes et nous partons à l’assaut de ce dernier mur.
Le rythme n’est pas très élevé et les rampes se succèdent. Isabelle qui était à l’arrière me rattrape et je trouve difficilement la force d’avancer. Louis se laisse redescendre à ma hauteur pour voir si je vais bien et je lui avoue ne pas être au mieux. La chaleur, la fatigue et le cœur sont sur le point d’avoir raison de moi. Je sais que le mental est très important lors de ces sorties au long cours mais mes craintes sont réelles. Je reçois comme des coups de poing au cœur et cela m’inquiète un peu car j’avais déjà senti une gêne dans le final du Tourmalet. Louis remonte chercher Isa et ils me rejoignent. Nous prenons le temps de discuter et la décision est prise de stopper la sortie à 8kms du sommet afin de ne prendre aucun risque.
Je suis vraiment déçu de m’arrêter si près du but mais ces 8kms représente une bonne heure d’ascension vu les pourcentages restant. Il y a pratiquement que du 9 et 10% de moyenne. Il aurait resté un ou deux kilomètres, j’aurais pris sur moi pour terminer mais là, je ne m’en sens pas capable !!!
Dans le même temps, un orage éclate sur les hauteurs. Quelques gouttes tombent lors de la descente mais heureusement, nous sommes à côté des voitures. Nous éviterons le plus gros de l’averse orageuse. Je me demande finalement si nous aurions pu gagner le sommet sous cet orage mais ça, nous ne le saurons jamais.
Une fois changé, je sors rapidement de la voiture car pour une fois, j’ai des crampes aux deux cuisses. Cela en est de même pour Isabelle qui se retrouve tétanisée par ses ischios. Elle m’avoue, tout comme moi, n’être jamais ennuyée par les crampes en temps normal. On est peut-être tout simplement déshydratés !!!
Nous attendons sur le parking l’arrivée de Sophie Matter qui doit passer la soirée avec nous. C’est une randonneuse d’exception avec une gentillesse et une humilité rare. Je l’avais déjà rencontrée quelques jours auparavant au sommet du Peyresourde. Elle démarrait la reconnaissance d’une randonnée permanente quelle vient de créer. Il devrait y en avoir trois au total pour couvrir l’ensemble des Pyrénées. Elle vient tout bonnement de parcourir 600kms et 15000 mètres de dénivelé en 57 heures environ. J'imagine bien la sensation de passer le Tourmalet de nuit et de profiter d'un splendide lever de soleil en arrivant sur le sommet !!!
Nous prenons un verre dans un petit bar près du casino avant de partir manger un morceau. Isabelle a réservé une table dans un restaurant proche du sommet d’Hautacam. C’est l'Arioutou, une ancienne bergerie au cadre adorable. Nous choisissons un menu à 15,50€ avec de la Garbure, du pâté, des grillades ou du confit de porc avec des pommes de terres rissolées à la graisse d’oie, de la salade et une tarte aux pommes. Pour 3€ de plus, il y avait du jambon de pays, des filets de truite et le fromage en supplément. Quel festin !!!
Ce dîner ce déroule agréablement et nous parlons essentiellement vélo. Quel plaisir de partager des journées comme celle-ci. Ces moments de convivialité entre amis sont pour moi un pur bonheur.
Même si je n’ai pas été au bout de ce défi, je reste enchanté de cette sortie. J’espère que notre virée en Ariège sera aussi agréable !!!
Un grand merci à Isabelle, Louis et Pierre pour avoir partagé cette balade à mes côtés et à Sophie pour sa présence au dîner.
166kms pour 4415 mètres de dénivelé en 8h48.
Quelques clichés...
